Une première activation complète d’action anticipatoire au Burundi

Les précipitations extrêmes et les inondations de différents types sont des aléas dévastateurs au Burundi. La pluie tombe sur des collines densément peuplées et dans le bassin du lac Tanganyika, amenant des inondations qui causent des dommages importants aux habitations, aux infrastructures et aux cultures, et des décès chez les personnes et les animaux qui ne peuvent échapper aux eaux de crue.  Les impacts secondaires de ces inondations comprennent des épidémies de maladies transmises par l'eau, la perte des moyens de subsistance et bien d'autres.

Cependant, de nombreux aspects de ces événement de grandes précipitations sont prévisibles dans le pays (pour plus d’information sur les systèmes d’alerte précoce au Burundi, voir ici). En 2020, le Programme alimentaire mondial (PAM) et la Croix-Rouge du Burundi (CRB) ont lancé un programme innovant basé sur un partenariat afin de développer une action anticipative pour différents risques dans le pays, y compris les inondations et la sécheresse, ce qui a offert un nouveau paradigme au cycle traditionnel de réponse aux catastrophes pour le pays. Le projet est une structure organisationnelle innovante pour la communauté de l'action anticipative, avec le Programme alimentaire mondial, la Croix-Rouge du Burundi et l'Agence météorologique du Burundi (IGEBU) travaillant en étroite collaboration et de manière coordonnée sur un programme AA unique, dans le but de renforcer leur expertise en matière d'action anticipative et leurs programmes de manière tandem. Le Centre Climatique fourni un soutien technique aux équipes depuis le début du programme. Pour plus d'information sur les travaux en cours, voir la page Burundi sur l’Anticipation Hub ici.

Trois années de travail acharné, tant au niveau technique qu'au niveau du plaidoyer, de la Croix-Rouge burundaise et du Programme alimentaire mondial ont abouti à un programme opérationnel d'action anticipée pour les précipitations extrêmes et au début d'un travail similaire sur les sécheresses météorologiques. Ce programme est innovant au Burundi et démontre un effort concerté de coordination et de collaboration inter-agence.

Agir an anticipation de la précipitation extrême

En octobre 2023, le programme sitôt développé, de la pluie exceptionnelle est prédite au-dessus du Burundi et le seuil d'activation du protocole d’action précoce est atteint.

• Le 31 octobre, ICPAC prévoit de la pluie exceptionnelle au-dessus du Burundi, en particulier dans la région centrale, pour la semaine à venir. Le niveau du déclencheur est atteint et le Programme alimentaire mondial et la Croix-Rouge du Burundi décident de déclencher les actions prévues.
• Le 8 novembre, IGEBU confirme et communique une prévision de pluie extrême pour les trois jours à venir sur une large portion du pays.
• Du 10 au 14 novembre, les partenaires communiques des alertes et et distribue du cash aux populations vulnérables ciblées.
• Du 26 au 29 novembre, des Inondations importantes sont signalées dans plusieurs localités dans la commune de Rumonge sur les collines de Minago, Muturigwa, Muhuzu, Birimba et Mugomere.

Alertes précoces et assistance cash pour les communautés à risque

Les équipes du PAM et de la CR ont mené les actions d'anticipation décrites dans le PAE entre le 10 et le 14 novembre. L'activation a lieu dans les districts de Rumonge et Muhuta qui avaient été identifiées comme étant particulièrement à risque. Plus de 10 000 personnes ont reçu des informations sur l'alerte et 1780 ménages ont reçu de l'argent anticipé de 82 USD pour répondre aux besoins d’urgence.

Photo: Enregistrement des bénéficiaires.

Tirer les leçons de l'activation

Les premières activations d’action anticipatoire sont toujours l’opportunité de tester et de réfléchir ouvertement sur les succès et les points manquant pour la prochaine voie. Le PAM, la CRB, l’IGEBU et leurs partenaires ont organisé une grande revue après-action en février 2024 qui souligna quelques leçons apprises importantes.

1. De la conception de l’action anticipatoire jusqu’à son opérationnalisation, la collaboration inter-agence est essentielle. Le succès de cette activation est une illustration de l'importance de la collaboration et la coordination autour de l’action anticipatoire. Le comité de pilotage et group de travail du programme est un outil essentiel à ces fins. Par exemple, le PAM et la CRB utilisent le même déclencheur pour l’action précoce qui a été élaboré ensemble avec le soutien de l’IGEBU qui communique l’information météorologique nécessaire.
2. Un financement coordonné des mesures d'anticipation est utile. Dans le futur, le but est que la CRB et le PAM auront tous deux des fonds capables d’être libérés pour pouvoir agir sur tout déclenchement. Pour cette activation d’octobre, le Protocole d’Actions Précoces de la CRB était encore en attente de validation mais la collaboration établie fait que le PAM a pu débourser des fonds réservés dans son projet ECHO pour venir en soutien aux populations à risque d’inondation.
3. Les groupes communautaires sont des structures clés dans lesquelles l'action anticipative peut être décentralisée et localisée pour être plus efficace. Dans le cadre de ce programme, près de 40 comités communautaires de Réduction des risques de catastrophes (CCRCS) ont été formés sur l’outil EVCA dont les résultats ont orienté les plans d’actions communautaires y compris les actions anticipatoires qui devraient être mises en œuvre à l’annonce de l’imminence de l’un ou l’autre risque priorisés. Cette approche permet aux communautés de prendre des actions autonomes en même temps que certains membres plus vulnérables reçoivent du support additionnel des acteurs humanitaires.
4. Les services nationaux météorologiques sont des partenaires clés dans l’élaboration et la surveillance des déclencheurs. Une fois un déclencheur co-développé entre les agences humanitaires et les hydro-météorologistes locaux, il doit y avoir la surveillance continue des conditions météorologiques par rapport aux seuils établis. Heureusement au Burundi, les relations entre l’IGEBU, la CRB, et le PAM sont renforcées et valorisées permettant notamment de la communication régulière de cette information mais il manque encore un système formel de surveillance du déclencheur qui serait essentiel pour combler le risque de manquer des événements.

Cette première activation complète a été autant un succès qu’une opportunité de voir les éléments des plans qui bénéficieraient d’ajustements. Le PAM, la CRB, et ses partenaires sont actuellement en train de transformer ces leçons en leçons apprises pour améliorer la prochaine activation. Ils espèrent que partager cette histoire puisse bénéficier aux autres organisations partenaires de l’Anticipation Hub.

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