Financement basé sur des prévisions aux Philippines

Combler le fossé entre la réduction des risques de catastrophe et l'aide d'urgence

Ce projet, qui a débuté en 2017, vise à réduire les impacts humanitaires des typhons et des inondations dans les zones à haut risque des Philippines, et à assurer un rétablissement plus rapide dans les zones touchées - en mettant particulièrement l'accent sur la réduction des pertes en vies humaines et des dommages aux moyens de subsistance et aux abris.

Dans le cadre de ce projet, la Croix-Rouge philippine et la Croix-Rouge allemande ont engagé des responsables de la gestion des catastrophes et des prévisions aux niveaux national, régional, provincial et municipal afin d'élaborer deux protocoles d'action précoces : l'un pour les cyclones et l'autre pour les inondations. Ce processus comprend des ateliers de consultation, des études techniques (par exemple, sur les kits de renforcement des abris), des formations et des simulations, ainsi que la promotion de l'approche du financement basé sur les prévisions (FbF). Le projet développe actuellement un PAE pour la sécheresse.

Description du projet : l'action anticipatoire en pratique

Les inondations et les typhons sont des sources majeures de dégâts et de destruction aux Philippines. Les PAE pour les typhons et les inondations couvrent 28 provinces. Ils sont également complémentaires : si les typhons moins violents peuvent ne pas déclencher le PAE pour les typhons, ils peuvent en revanche provoquer de graves inondations et donc déclencher le PAE pour les inondations.

Les vents violents, les ondes de tempête et les inondations associés aux typhons détruisent les maisons et les cultures et perturbent les habitudes de pêche. Ces perturbations de la vie et des moyens de subsistance des populations peuvent entraîner des stratégies d'adaptation négatives, telles que la migration pour trouver un emploi loin de leur famille, la réduction de la consommation alimentaire, le recours à des prêts ou le retrait des enfants de l'école. Le PAE pour les typhons, qui a été approuvé en novembre 2019, couvre 25 provinces et vise à atténuer les pertes de revenus pour les agriculteurs et les pêcheurs, et à réduire les dommages aux maisons, grâce aux actions suivantes.

• Évacuer le bétail vers des lieux sûrs proches des abris d'évacuation pour les humains et fournir de la nourriture et de l'eau aux animaux pendant trois jours. En assurant la sécurité des animaux, on protège cet important moyen de subsistance, ce qui peut encourager les gens à être évacués eux aussi, plutôt que de rester sur place pour s'occuper de leurs animaux.
• Renforcer les maisons pour que les gens puissent y retourner une fois la tempête passée et qu'ils consacrent moins de temps et d'argent aux réparations.
• Récolte précoce des cultures vivrières et des arbres d'abaca arrivés à maturité. Ce dernier est une culture importante, fournissant des fibres qui sont vendues pour fabriquer une variété de produits commerciaux, et dont la production est le principal moyen de subsistance dans l'île de Catanduanes.

Le PAE pour les typhons est déclenché lorsqu'il est prévu qu'un typhon détruise au moins 10 % des maisons dans au moins trois municipalités, avec un délai maximum de trois jours. Pour calculer l'impact prévu, un modèle statistique combine les prévisions de vitesse du vent avec des données sur les dommages causés par les tempêtes passées et les types d'habitations. Le déclencheur a été développé avec le soutien de 510 - une initiative de la Netherlands Red Cross, et est actuellement en train d'être transféré au centre opérationnel de la Croix-Rouge philippine. Le Bureau de la défense civile des Philippines a manifesté son intérêt pour être informé et formé sur le fonctionnement du modèle de prévision et de déclenchement des typhons.

Aux Philippines, les inondations détruisent les récoltes et endommagent les exploitations aquacoles. Dans les zones urbaines, les eaux de crue peuvent interrompre les activités des petites entreprises et détruire les marchandises. Comme dans le cas des typhons, ces perturbations des moyens de subsistance peuvent entraîner des stratégies d'adaptation négatives. Le PAE pour les inondations vise à réduire l'impact économique des inondations extrêmes en soutenant les actions suivantes.

• Récolte précoce du maïs, du riz et d'autres cultures de grande valeur afin d'éviter les pertes de moyens de subsistance.
• Récolte des poissons adultes dans les exploitations aquacoles afin d'éviter la perte des moyens de subsistance.
• Évacuation du bétail et des biens essentiels (pour les raisons énumérées dans la rubrique "typhons").
• Relocalisation des petites entreprises urbaines pour s'assurer que leurs propriétaires ne perdent pas leurs marchandises dans les eaux de crue, et pour leur permettre de poursuivre leurs ventes et de maintenir leurs revenus.

Pour les inondations, il est proposé de déclencher les actions précoces en utilisant les prévisions de GloFAS lorsque la probabilité d'atteindre la période de retour de cinq ans est supérieure à 70 %. Le délai maximum pour mener à bien ces activités est de trois jours.

Les actions des deux PAE sont soutenues par des activités "argent contre travail" dans le cadre desquelles la Croix-Rouge philippine embauche des agriculteurs et des pêcheurs pour aider aux actions précoces (par exemple, renforcement des abris, construction de structures temporaires pour les animaux, récolte des cultures). Les membres de la communauté disposent ainsi d'une source d'argent pour préparer leurs familles à l'événement ou pour compenser les pertes.

Le projet travaille actuellement à l'élaboration d'un troisième PAE pour faire face à la sécheresse. Un test d'activation à petite échelle pour la sécheresse a eu lieu en 2019 et une étude de faisabilité des déclencheurs potentiels a été réalisée en février 2022.

Dans le cadre de ce projet, la Croix-Rouge philippine coordonne ses activités avec des institutions gouvernementales clés, telles que le Bureau de la défense civile, la PAGASA (le service météorologique), le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, les bureaux provinciaux de réduction et de gestion des risques de catastrophe et le ministère de l'Agriculture. Une grande partie de cette coordination se fait par le biais d'un groupe de travail technique national et de comités techniques provinciaux. Depuis le début du projet, la Croix-Rouge philippine et ses partenaires ont organisé sept exercices de simulation et quatre plateformes de dialogue nationales, et accueilleront la plateforme de dialogue régionale Asie-Pacifique en 2019.

Enseignements tirés

Du matériel d'information, d'éducation et de communication a été développé et publié sur la section d'apprentissage de l'Anticipation Hub. Le projet a élaboré plusieurs lignes directrices, vidéos et études de cas afin de recueillir des preuves de mises en œuvre réussies et de plaider en faveur de l'institutionnalisation de l'approche FbF.

• Un test d'activation du PAE pour les typhons en 2019 a montré que les kits destinés à renforcer les maisons contre le vent et la pluie peuvent être installés avec succès par des volontaires formés, des travailleurs et des membres de la communauté travaillant ensemble dans le délai très court entre le déclenchement et l'arrivée de la tempête sur les côtes (environ 72 heures). Cela inclut des étapes préalables, telles que l'identification des ménages, le transport et certains achats.
• Le projet a connu un succès considérable dans l'intégration des structures gouvernementales de réduction des risques de catastrophes aux niveaux provincial et local. Ce résultat a été obtenu grâce à un plaidoyer commun avec d'autres partenaires aux Philippines, tels que le PAM, la FAO et le Start Network. Le gouvernement philippin a publié un mémorandum (Mémorandum 60) qui permet aux unités du gouvernement local d'accéder au financement disponible pour les réponses d'urgence pour des actions précoces - lorsqu'il est prévu qu'un événement extrême affecte au moins 15 pour cent de leur population. Une étude de cas sur la manière dont cette mesure peut être mise en œuvre est en cours.
• Les Philippines offrent de bons exemples de l'utilisation du financement local dans le cadre de la FbF et de l'extension de cette approche. Ainsi, la Croix-Rouge philippine a signé un protocole d'accord avec le gouvernement local de la province de Samar pour allouer des fonds au financement du PAE pour les typhons.
• Pour ses initiatives d'action anticipatoire aux Philippines, le Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires des Nations unies utilise le déclencheur probabiliste mis au point par le modèle 510 de la Croix-Rouge, ce qui prouve que la Croix-Rouge philippine et la Croix-Rouge allemande sont fortement impliquées dans la coordination des actions anticipatoires dans le pays.

Nouveau PAE du projet de financement basé sur des prévisions

Vidéos montrant des expériences de mise en œuvre d'actions précoces aux Philippines

Sur cette page, vous trouverez de courtes vidéos de la Croix-Rouge philippine présentant leurs expériences de mise en œuvre ou de simulation des actions précoces suivantes : kits de renforcement des abris, récolte du poisson, relocalisation des micro-entreprises, évacuation du bétail, récolte du riz et récolte de l'abaca.

La délocalisation d'entreprises en tant qu'action précoces en milieu urbain : leçons et défis d'une simulation aux Philippines

Alors que la plupart des actions précoces mises en œuvre à ce jour l'ont été dans des environnements ruraux, des efforts croissants sont déployés pour étendre l'action anticipatoire aux environnements urbains. Cette étude de cas présente les leçons tirées d'une simulation de la Croix-Rouge philippine portant sur la relocalisation de microentreprises urbaines avant des inondations. L'étude met en évidence les défis critiques de la conception et de l'exécution des actions précoces en milieu urbain, notamment la gestion des demandes concurrentes pour le temps des gens et l'élaboration de procédures efficaces de sélection des bénéficiaires.