Un pas en avant pour l'action anticipatoire à la COP26

Chaque année, pendant deux semaines, l'attention du monde entier se concentre sur les négociations de haut niveau de la COP sur le climat. Mais pour les personnes qui en subissent les conséquences, le changement climatique est souvent une lutte qui dure toute l'année. Les événements liés au climat - vagues de chaleur, incendies de forêt, sécheresse, inondations, vagues de froid, cyclones - entraînent la perte de vies humaines et de moyens de subsistance, tout en contribuant aux maladies, aux conflits et aux déplacements de population. Rien qu'en 2020, par exemple, 30,7 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de leur pays à la suite de catastrophes, la quasi-totalité d'entre elles étant dues à des phénomènes météorologiques.

L'action anticipatoire aide les personnes touchées par des événements extrêmes à faire face aux pires impacts. Les catastrophes liées au climat étant de plus en plus fréquentes et destructrices, la communauté humanitaire doit d'urgence renforcer les approches anticipatives afin d'aider un plus grand nombre de personnes à survivre aux pires effets du changement climatique.

Il était donc encourageant de voir l'action anticipatoire fermement inscrite à l'ordre du jour de la COP26 à Glasgow, et ce dès le début : l 'impératif de Glasgow de la présidence britannique de la COP26 soulignait le souhait de "voir une meilleure compréhension des facteurs de risque climatique, une meilleure planification et une nouvelle collaboration pour combler le fossé entre l'alerte précoce et l'action anticipatoire."

"Cette COP s'est tenue à un moment crucial", note l'ambassadrice Sibylle Katharina Sorg, directrice générale de l'Allemagne chargée de la prévention des crises, de la stabilisation, de la consolidation de la paix après les conflits et de l'aide humanitaire. "Même si nous faisons de notre mieux, les effets du changement climatique affectent déjà les plus vulnérables. C'est pourquoi le financement de l'atténuation et de l'adaptation est crucial. Et c'est pourquoi il était bon de voir l'action anticipatoire figurer en bonne place dans de nombreux débats de la COP. Je suis convaincue que l'action anticipatoire jouera un rôle important dans l'adaptation aux impacts du changement climatique."

L'action anticipatoire à l'ordre du jour

Au cours des deux semaines, plus de 40 sessions et ateliers se sont concentrés sur le rôle de l'action anticipatoire dans la lutte contre les effets du changement climatique, ou ont discuté de cette approche dans le cadre d'un débat plus large sur les conflits ou l'assurance. Parmi les thèmes communs abordés lors de ces discussions, citons la nécessité d'une action anticipatoire tenant compte de la dimension de genre, de mécanismes de financement plus nombreux et d'une action anticipatoire menée au niveau local.

D'autres thèmes récurrents dans l'ensemble de la COP26 étaient également pertinents pour l'action anticipatoire. "La discussion autour des limites de l'adaptation au changement climatique - le débat sur les 'pertes et dommages' - a gagné en puissance", explique le Dr Nikolas Scherer du Hub d'Anticipation. "Les impacts dévastateurs des extrêmes climatiques sur les vies et les moyens de subsistance ne feront qu'empirer à l'avenir. Différents secteurs devront travailler ensemble pour relever ce défi - et les humanitaires ont beaucoup à offrir. L'action anticipatoire, par exemple, sauve des vies et des moyens de subsistance - et devrait être au cœur du débat sur les pertes et dommages."

Des engagements de haut niveau pour financer l'action anticipatoire

L'action anticipatoire ne se limite pas à de simples discours. Elle nécessite également la mise en place de mécanismes de financement solides avant que les catastrophes ne surviennent, afin que les actions précoces convenues puissent être mises en œuvre rapidement. La COP26 a également apporté de bonnes nouvelles à cet égard.

Pendant la conférence, le REAP a suivi les engagements financiers pris ou réitérés lors de la COP26 ; tous les montants ne sont pas entièrement dédiés à l'action anticipatoire, mais tous fourniront des fonds pour cette approche.

• Le programme britannique Climate Action for a Resilient Asia (CARA ), doté de 274 millions de livres sterling, aidera plus de 14 millions de personnes à s'adapter au changement climatique, à promouvoir une croissance à faible émission de carbone et à protéger l'environnement.
• Le Royaume-Uni consacrera également 103,5 millions de livres à des projets menés en Afrique pour protéger les communautés vulnérables en première ligne du changement climatique. Cette somme sera répartie entre l'initiative AAAP (20 millions de livres), ARCAN (42 millions de livres), l'assurance sécheresse (22 millions de livres) et le programme de réponse aux chocs dans le Sahel (19,5 millions de livres).
• Le Royaume-Uni et le Canada ont également lancé le partenariat Climate Adaptation and Resilience (CLARE), doté de 100 millions de livres sterling, dont l'une des trois priorités est " Risk-informed early action : Recherche pour améliorer l'action anticipatoire éclairée par les risques afin de réduire les impacts humanitaires des conditions météorologiques, de la variabilité du climat et des risques naturels connexes".
• La Finlande a annoncé un programme de financement de 30 millions d'euros pour de nouveaux projets visant à développer des services météorologiques et d'alerte précoce dans les pays en développement.
• Les États-Unis ont annoncé le lancement du plan d'urgence du président pour l'adaptation et la résilience (PREPARE) afin de soutenir les communautés de première ligne qui subissent les effets disproportionnés du changement climatique. Ce plan comprend un engagement à fournir 100 millions de dollars sur cinq ans pour renforcer la résilience des communautés locales, 21,8 millions de dollars pour le financement des risques de catastrophe en Afrique, et des investissements pour renforcer les capacités locales de prévision et les systèmes d'alerte précoce.
• Le service START Ready du Start Network a été lancé avec des engagements de 3 millions de livres, dont 1 million de livres du gouvernement britannique, 250 000 euros du gouvernement français, 500 000 euros de la Fondation IKEA et 2 millions de dollars américains de Margaret A. Cargill Philanthropies."
• Le Fonds d'adaptation a vu 356 millions USD engagés lors de la COP26 dans le cadre d'un programme d'adaptation plus large, y compris des actions précoces.
• L'initiative CREWS a fait l'objet d'un engagement de 20 millions de dollars américains lors de la COP26.

Vers la COP 27

Malgré ces mesures encourageantes en faveur de l'action anticipatoire, le message général de la COP26 était sans équivoque : il reste encore beaucoup à faire pour éviter les pires conséquences du changement climatique - et le temps presse pour agir. Et même à côté des promesses faites - non seulement pour l'action anticipatoire, mais aussi pour l'adaptation, les pertes et dommages, et la réduction des risques de catastrophe - il reste un déficit majeur dans les ressources financières nécessaires pour aider tous ceux qui sont confrontés à un avenir menacé par le climat. Comme l'a conclu la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) à l'issue de l'événement, "laCOP26 n'a pas débloqué les fonds nécessaires pour soutenir les communautés en première ligne de la crise climatique".

La COP27, qui se tiendra l'année prochaine en Égypte, devra y remédier - et un soutien encore plus important à l'action anticipatoire doit faire partie de la solution. "Il est clair que nos appels n'ont pas été entendus dans toutes les salles de négociation", admet Nikolas Scherer. "Nous avons donc encore du pain sur la planche ! Dans la perspective de la COP27, nous devons intensifier nos efforts pour plaider en faveur des investissements dans l'action anticipatoire." La COP26 a été un pas en avant pour l'action anticipatoire ; à la COP27, nous devons faire un énorme bond en avant.

Ressources utiles

Vidéo

Vous pouvez visionner un enregistrement de la session "Welcome to 2025 : Where early action is the default" lors de la COP26, au cours de laquelle plusieurs engagements financiers en faveur d'une action anticipatoire ont été pris.