15 juin 2022

Le Niger active son PAE pour la sécheresse afin de lutter contre l'insécurité alimentaire

Le Niger est actuellement confronté à une grave crise d'insécurité alimentaire, 4,4 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire immédiate. Près de 44 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique et 12,5 % de malnutrition aiguë.

La FICR a lancé un appel d'urgence pour lutter contre l'insécurité alimentaire afin de soutenir la Croix-Rouge du Niger dans l'intensification de son assistance humanitaire dans les régions touchées. Dans le cadre de cet appel, le Niger a activé son protocole d'actions précoces (PAE) pour la sécheresse le 19 avril 2022.

Le Niger est souvent affligé par des périodes de sécheresse et de nombreuses régions sont régulièrement confrontées à une pénurie d'eau pendant les phases cruciales de la saison de croissance. Il en résulte une faible productivité de l'agriculture et de l'élevage, des dommages aux cultures et des rendements réduits, qui contribuent à leur tour à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle récurrente dans le pays.

L'activation du plan d'action contre la sécheresse en avril n'était toutefois pas liée à une prévision de faibles précipitations. Il a été activé en raison des niveaux d'insécurité alimentaire observés et de la prévision d'une aggravation de ces niveaux dans les mois à venir. Les facteurs qui ont contribué à cette situation sont les suivants

  • une baisse de la production agricole suite à de faibles précipitations dans certaines régions, telles que Tillabéri
  • un déficit important de fourrage dans toutes les régions (environ 15 millions de tonnes d'aliments secs pour animaux) et les difficultés qui en découlent pour déplacer le bétail de manière saisonnière vers les pâturages (transhumance)
  • la détérioration de la situation sécuritaire dans l'ensemble de la région du Sahel, qui entraîne des déplacements de population et exacerbe l'insécurité alimentaire
  • l'augmentation des prix des denrées alimentaires sur les marchés, qui sont jusqu'à 40 % plus élevés que la moyenne des cinq dernières années.

"On a tendance à surestimer les déficits pluviométriques lorsqu'on examine les causes de l'insécurité alimentaire dans la région du Sahel", explique le Dr Meghan Bailey, responsable de la protection sociale et de la santé au Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. "En fait, une grande partie du stress dans le système est causée par des phénomènes non liés à la météo, mais est attribuée à la sécheresse. Cette situation est dangereuse car elle risque d'occulter les types d'intervention qui pourraient réellement aider les populations."

La crise actuelle de l'insécurité alimentaire au Niger n'est pas simplement due à un déficit pluviométrique. En fait, la prochaine saison des pluies (de mai à octobre, avec un pic en juillet et août) devrait être supérieure à la moyenne. Il y a même un risque d'inondations, et les acteurs humanitaires dans le pays doivent commencer à s'y préparer. Ce communiqué de presse présente les prévisions pour la saison des pluies 2022 dans la région du Sahel.

Actions précoces pour lutter contre l'insécurité alimentaire

Le PAE pour la sécheresse au Niger comprend des déclencheurs en deux phases successives.

  • La première série d'actions précoces permet de reconstituer les réserves des banques de céréales, qui sont ensuite vendues à un prix subventionné (réduction de 50 %). Cela permet à 4 000 ménages d'acheter des céréales en quantités suffisantes pour répondre à leurs besoins.
  • La deuxième série d'actions précoces concerne les transferts d'argent, qui seront fournis soit sous forme de bons d'achat de céréales dans les banques ou les magasins, soit sous forme d'argent liquide. Ces transferts permettent à 1 000 ménages parmi les plus vulnérables d'acheter des céréales subventionnées et d'éviter ainsi d'utiliser leurs propres réserves ; ils leur permettent également de constituer des réserves avant que les prix n'augmentent ou que les céréales ne deviennent indisponibles.

En raison de la gravité de la situation, l'activation d'avril 2022 a déclenché les deux séries d'actions précoces en même temps. Celles-ci seront mises en œuvre dans les départements de Damagaram-Takaya et de Gouré. Ces deux départements se trouvent dans la région de Zinder, qui est la province la plus peuplée du Niger et la région couverte par le PAE pour la sécheresse.

"Le démarrage des actions est prévu pour la troisième semaine de juin", confirme Romain Laïyabe Lare, délégué au financement prévisionnel de la sous-délégation de la Croix-Rouge française à Zinder. "Le choix des bénéficiaires se fera en fonction du degré de vulnérabilité, par exemple des villages déficitaires après la dernière campagne agricole. Cela se fera en collaboration avec les autorités locales. La Croix-Rouge, en collaboration avec les autorités et le département de l'agriculture, travaille également à déterminer les banques de céréales qui bénéficieront d'un soutien.

Zinder connaît en fait des niveaux d'insécurité alimentaire plus faibles (à la fois observés et prévus) que d'autres régions du pays. Cependant, cette région est au centre du PAE pour la sécheresse pour un certain nombre de raisons.

  • Elle est historiquement vulnérable aux crises alimentaires et nutritionnelles.
  • Le contexte sécuritaire à Zinder est relativement calme, ce qui rend la mise en œuvre d'actions précoces plus réalisable.
  • La Croix-Rouge française, partenaire clé du projet, était déjà présente dans cette région.

"Ce premier PAE pour la sécheresse est expérimental", explique Romain. "L'objectif est de passer à l'échelle supérieure après une évaluation, en recherchant des sources de financement supplémentaires ou en travaillant en synergie avec d'autres acteurs.

Merci à Romain Laïyabe Lare, Meghan Bailey et Kiswendsida Guigma (conseiller technique, Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) pour leur aide dans la rédaction de cet article.