10 févr. 2023

Vers une action anticipatoire dans les pays insulaires du Pacifique

La possibilité d'intensifier l'action anticipatoire dans les pays insulaires du Pacifique suscite de plus en plus d'intérêt, et ce à juste titre. Les pays insulaires du Pacifique sont parmi les plus vulnérables aux risques naturels : les cyclones, les inondations et les sécheresses peuvent tous causer des dommages et des pertes considérables, tout en réduisant à néant des gains de développement durement acquis. Le renforcement des mesures de prévention et d'atténuation est l'un des moyens de soutenir les communautés avant qu'un danger ne les frappe.

Une étude récente de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Institute for Sustainable Futures de l'University of Technology de Sydney a examiné comment les parties prenantes régionales et nationales peuvent faire progresser l'action anticipatoire dans la région des îles du Pacifique. Cette étude a été réalisée avec le soutien d'Affaires mondiales Canada, du ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce, et du World Food Programme (PAM).

Dans la phase 1 de l'étude, l'équipe a approché les parties prenantes régionales pour connaître leurs points de vue sur les possibilités actuelles de développer l'action anticipatoire dans cette région, et les défis qui peuvent empêcher ces efforts d'être efficaces. Les principales conclusions sont les suivantes :

  • Des actions précoces sont déjà en place dans les pays insulaires du Pacifique, telles que les systèmes d'alerte précoce et les plans de préparation des communautés. Ils peuvent être développés pour aider les communautés à agir en amont des risques et à gérer les risques à évolution lente (par exemple, la sécheresse) et les chocs à évolution rapide (par exemple, les cyclones).

  • Il est important de reconnaître la diversité des pays insulaires du Pacifique et de se concentrer sur des approches contextuelles qui répondent aux besoins des personnes les plus vulnérables dans chaque pays, aux risques spécifiques auxquels elles sont confrontées et aux principaux secteurs économiques et culturels de chaque pays.

  • L'action anticipatoire dans le Pacifique, tant au niveau régional que national, implique de multiples agences et il est nécessaire de capitaliser sur les forces et les capacités de chaque groupe, avec les gouvernements en première ligne, pour agir sur la base de déclencheurs convenus à l'avance et d'un ensemble établi d'actions anticipatoires.

  • Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de coordination entre les institutions régionales et nationales impliquées dans l'action anticipatoire, par exemple un accord sur les données et les déclencheurs qui permettent un financement avant un danger.

  • Pour faciliter une prise de décision efficace, il est important de convenir d'un équilibre acceptable entre le risque d'une occasion manquée et le risque d'une prévision erronée, ainsi que d'une compréhension mutuelle de l'incertitude des données. Cet accord doit être conclu entre toutes les parties concernées, y compris les agences qui financent les actions anticipatoires et les partenaires locaux et les communautés qui mettent en œuvre les actions. Par exemple, une tolérance au risque plus élevée pourrait impliquer de prendre des mesures sur la base d'informations prévisionnelles moins sûres, tandis qu'une tolérance au risque plus faible nécessiterait un niveau de certitude plus élevé dans les informations prévisionnelles, risquant ainsi de faire rater des opportunités.

Un autre résultat majeur de l'étude est qu'il existe une demande croissante de la part de la communauté de pratique dans la région des îles du Pacifique pour définir et clarifier comment l'action anticipatoire s'inscrit dans les mécanismes existants de gestion des risques de catastrophe, et comment elle peut compléter les travaux en cours, en particulier pour les gouvernements nationaux. Le Cadre pour un développement résilient dans le Pacifique 2017-2030, qui définit les fondements de la résilience et de la gestion des catastrophes de la région, ne mentionne pas explicitement l'action anticipatoire, mais met fortement l'accent sur les systèmes d'alerte précoce multirisques. S'appuyer sur ces éléments pour formaliser les actions précoces permettrait de renforcer le caractère anticipatoire de la gestion des catastrophes.

Ces conclusions ont été réitérées lors de la conférence ministérielle Asie-Pacifique sur la réduction des risques de catastrophes, qui s'est tenue en septembre 2022. Cela a marqué le début d'un dialogue collaboratif sur l'exploration de l'approche de l'action anticipatoire, qui servira de catalyseur pour les travaux futurs dans la région. Cela a impliqué un large éventail de partenaires et de parties prenantes gouvernementales, notamment le Forum des îles du Pacifique, le Programme régional océanien de l'environnement, le Partenariat humanitaire australien, le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, World Vision, le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe, le Bureau national de gestion des catastrophes des Îles Salomon, l'Union européenne, le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce et le PAM.

Le contexte unique des pays insulaires du Pacifique

Si les leçons essentielles tirées de l'action anticipatoire en Afrique et en Amérique latine peuvent éclairer le débat sur les moyens d'intensifier l'action anticipatoire dans les îles du Pacifique, cette région reste un contexte unique pour l'application de cette approche. Il faudra du temps pour comprendre comment les pays de cette région peuvent s'appuyer sur les données mondiales et affiner le modèle d'action anticipatoire pour répondre aux besoins spécifiques de la région.

Federico Davila, de l'University of Technology de Sydney, a déclaré que "l'action anticipatoire constitue un moyen important de combiner la science technique du climat et les processus décisionnels menés par le Pacifique pour gérer les catastrophes naturelles". Il a souligné l'importance de mieux comprendre le contexte de l'action anticipatoire propre à chaque pays, ainsi que la nécessité de partager les données et d'assurer la cohérence pour veiller à ce que les personnes les plus vulnérables bénéficient d'un soutien.

Dans l'ensemble, 2022 a été une année active et passionnante pour l'action anticipatoire dans les îles du Pacifique. En 2023, il s'agira d'une région cruciale à surveiller, car les efforts se poursuivent pour établir des approches d'action anticipatoire spécifiques, adaptées aux besoins locaux et s'appuyant sur la vaste expérience de la région en matière de gestion des catastrophes.

L'action anticipatoire constitue un moyen important de combiner la science technique du climat avec les processus décisionnels menés par le Pacifique pour gérer les catastrophes naturelles.

Dr Federico Davila University of Technology de Sydney

Regarder la vidéo "Découvrir le potentiel de l'action anticipatoire dans les pays insulaires du Pacifique".

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Ce blog a été rédigé par Kara Jenkinson, Catherine Jones et Inyoung Jang de la FAO, et Dr Federico Davila, de l'University of Technology de Sydney.

Photo principale © Catherine Jones