Protocoles d'actions précoces activés au Guatemala et au Honduras à la suite du passage de l'ouragan Julia en Amérique centrale

Le dimanche 9 octobre 2022, à l'aube, l'ouragan Julia a frappé la côte centrale des Caraïbes du Nicaragua avec des vents soutenus de 140 km/h, provoquant de fortes pluies dans de nombreuses régions d'Amérique centrale. Se fondant sur les prévisions et anticipant les pluies extrêmes provoquées par Julia, la Croix-Rouge guatémaltèque et la Croix-Rouge hondurienne ont toutes deux activé leurs protocoles d'actions précoces (PAE) - respectivement pour les inondations associées aux cyclones tropicaux et pour les tempêtes tropicales - le vendredi 7 octobre. Des volontaires et du personnel ont été immédiatement déployés dans les communautés à risque pour les aider à se protéger et à préserver leurs moyens de subsistance avant que les crues n'atteignent leur maximum.

Mathieu, quand la décision d'activation a-t-elle été prise ?

Dès le lundi 3 octobre, lorsque nous avons commencé à recevoir des informations sur le développement d'une activité cyclonique dans l'océan Atlantique. Toutefois, à ce moment-là, il y avait beaucoup d'incertitude quant à l'ampleur et à la trajectoire d'une éventuelle tempête. Mais il y avait différentes trajectoires possibles et l'une d'entre elles était que la tempête frappe l'Amérique centrale, nous avons donc suivi son évolution de près. À partir de mercredi, les prévisions ont montré très clairement que l'Amérique centrale serait touchée, avec un atterrissage prévu au Nicaragua. Cependant, compte tenu des impacts humanitaires passés et du temps disponible pour une action anticipatoire significative, nos PAE ne se concentrent pas sur la vitesse des vents, mais plutôt sur les fortes pluies attendues, entraînant des inondations et des glissements de terrain. Nos PAE s'appuient donc sur deux éléments déclencheurs. Le premier - qu'un ouragan va frapper l'Amérique centrale - a déjà été confirmé le jeudi 6 octobre par les différents services hydrométéorologiques nationaux de la région. Le second déclencheur est basé sur une prévision d'inondation et ce déclencheur a été atteint le vendredi 7 octobre, avec une prévision à cinq jours.

Que s'est-il passé lorsque le premier et le deuxième déclencheurs ont été atteints ?

Lorsque le premier seuil a été atteint, les deux Sociétés nationales se sont mobilisées et ont déployé des volontaires et du personnel dans les zones les plus menacées, et notre surveillance de la tempête s'est intensifiée. Lorsque vendredi, le modèle de prévision des inondations que nous utilisons(GloFAS) a indiqué une probabilité de plus de 50 pour cent pour des inondations dépassant une période de retour de 1 sur 10 ans, notre deuxième déclencheur a été atteint et les PAE ont été activés. Le Fonds d'urgence pour les interventions lors de catastrophes de la FICR a alors débloqué des fonds - 478 789 francs suisses pour le Guatemala et 360 830 francs suisses pour le Honduras - et les équipes sur le terrain ont commencé à préparer les zones qui devraient être les plus touchées.

Quelles sont les mesures prises et pourquoi ?

Dans les deux pays, l'accent est mis sur l'aide en espèces et le soutien en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène. Les inondations passées ont montré que l'accès à l'eau potable est un défi majeur, par exemple à la suite de l'inondation de puits, et nous avons constaté une augmentation significative de l'apparition de maladies diarrhéiques aiguës. Pour atténuer et réduire ces effets, nous prévoyons de distribuer des kits de purification de l'eau et d'installer des usines de traitement de l'eau et des réservoirs de stockage afin de garantir l'accès à l'eau potable, tout en sensibilisant les communautés à risque. Étant donné que les inondations entraînent une perte importante des moyens de subsistance et que les personnes les plus exposées sont les travailleurs journaliers ou les agriculteurs de subsistance qui n'ont que peu ou pas d'économies, nous fournissons une aide en espèces aux familles les plus vulnérables pour couvrir leurs besoins immédiats, tels que l'évacuation des membres de la famille et des biens de subsistance, la protection des maisons, la location temporaire d'un espace pour la durée de l'évacuation, ou l'achat de stocks d'urgence. Au total, les PAE visent à aider 3 000 familles au Guatemala (1 000 familles recevront une aide en espèces) et 2 700 familles au Honduras (où 700 familles recevront une aide en espèces).

Tout se passe-t-il comme prévu ?

Il y a quelques défis à relever. Dans le cadre du financement basé sur les prévisions (FbF), une fois qu'un PAE est approuvé, tout est convenu à l'avance et financé, une grande partie du stock nécessaire aux actions précoces étant prépositionnée bien avant l'activation. L'une des difficultés réside dans le fait que les PAE n'ayant été approuvés que récemment, tous les prépositionnements n'ont pas encore été finalisés, ce qui nous oblige à accélérer les choses. Cette difficulté est aggravée par le fait que les banques et les magasins étaient fermés pendant le week-end, lorsque les PAE ont été activés.

En outre, il y a toujours un peu de loi de Murphy dans chaque catastrophe, en ce sens qu'une catastrophe n'arrive jamais seule. Au Honduras et au Guatemala, une aide d'urgence était déjà nécessaire dans certaines régions pour des inondations et des glissements de terrain de moindre ampleur provoqués par les fortes pluies d'il y a deux semaines. Aujourd'hui, Julia vient s'ajouter à tout cela, aggravant encore la situation et étendant les zones touchées.

La Croix-Rouge hondurienne et la Croix-Rouge guatémaltèque comptent 2 000 volontaires actifs. Ceux qui vivent à proximité des zones potentiellement touchées sont déployés en premier. Les volontaires enregistrent les familles les plus à risque et, une fois l'opération terminée, ces familles reçoivent de l'argent, des produits de traitement de l'eau et des articles d'hygiène, ou les deux, en fonction de leur vulnérabilité. Notre intention est d'atteindre ces familles pendant la période dont nous disposons pour les actions anticipatoires, c'est-à-dire de vendredi, lorsque le seuil de déclenchement a été atteint, à jeudi 13 octobre, lorsque les niveaux d'inondation devraient atteindre leur maximum. La saison des pluies rend déjà difficile l'enregistrement et l'accès aux groupes cibles ; de nombreuses zones et rues sont déjà inondées, pas de façon extrême, mais avec des difficultés d'accès. Il est essentiel que nous atteignions les familles à temps, avant que les eaux de crue ne les isolent complètement.

Merci, Mathieu.