Soumis par Dunja Dujanovic, chef de l'équipe d'alerte précoce et d'actions précoces, FAO
15 avril 2021

Anticiper l'augmentation de l'insécurité alimentaire : rapport sur les points chauds de la faim

En 2021, la faim progresse dans le monde et certaines communautés sont confrontées à un risque de famine.

De plus en plus d'éléments confirment qu'il existe une tendance générale à la hausse de la faim aiguë, due à une combinaison de facteurs tels que les chocs climatiques et les conflits, dont les effets ont été encore aggravés par de nouveaux chocs à grande échelle en 2020.

Au milieu de l'année dernière, alors qu'il y avait encore beaucoup d'incertitudes, il est apparu clairement que les impacts secondaires de la pandémie de COVID-19 exacerbaient les vulnérabilités et aggravaient les crises alimentaires existantes.

Les dernières données montrent qu'environ 174 millions de femmes, d'hommes et d'enfants dans 58 pays sont confrontés à des niveaux aigus d'insécurité alimentaire. En 2019, ce chiffre était de 135 millions. Parmi eux, 34 millions de personnes connaissent des niveaux d'urgence de faim aiguë, ce qui signifie qu'ils ont besoin d'une aide urgente et immédiate pour sauver leur vie et leurs moyens de subsistance.

Une telle situation de vulnérabilité critique souligne plus que jamais la nécessité de surveiller attentivement les risques et de renforcer ou de mettre en place des systèmes d'alerte précoce dans les pays à haut risque afin de s'assurer que nous pouvons prévoir et anticiper tout nouveau choc susceptible de pousser les gens au bord du gouffre, dans le dénuement et la famine.

L'ampleur des défis à relever exige que les agences unissent leurs forces dans tous les aspects de l'aide, de l'analyse à la mise en œuvre et au suivi.

L'une de ces initiatives conjointes est le rapport FAO-PAM sur les points chauds de la faim, lancé à la mi-2020 dans le cadre des efforts visant à faire la lumière sur les implications émergentes de la pandémie en matière de sécurité alimentaire. Hunger Hotspots est une analyse prospective d'alerte précoce des pays et des situations, appelés hotspots, où l'insécurité alimentaire aiguë est susceptible de se détériorer au cours des prochains mois. Les points chauds sont identifiés grâce à une analyse consensuelle des principaux facteurs d'insécurité alimentaire, de leur combinaison probable et de leur évolution dans les pays et les régions.

L'édition de mars met en évidence 20 pays et situations où il est probable que l'insécurité alimentaire aiguë se détériore davantage, en raison de multiples facteurs de la faim qui sont liés ou se renforcent mutuellement, tels que les conflits, les chocs économiques, les impacts socio-économiques du COVID19, les conditions météorologiques extrêmes et la diffusion des ravageurs des plantes et des maladies animales.

Le rapport met également en évidence certaines situations particulièrement critiques, comme au Yémen, au Sud-Soudan et dans le nord du Nigeria, où des zones spécifiques et des parties de la population sont menacées par la famine. Dans l'État de Jonglei, au Sud-Soudan, et dans certaines régions du Yémen, les populations sont déjà confrontées à des conditions proches de la famine. Cette situation est due à des conditions d'extrême vulnérabilité combinées à des contraintes considérables en matière d'accès à l'aide humanitaire, ce qui est crucial dans des situations où une partie de la population dépend de l'aide humanitaire pour survivre.

D'autres points chauds - tels que l'Afghanistan, le Burkina Faso, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, Haïti, le Honduras, le Nigeria, le Soudan, le Sud-Soudan, la République arabe syrienne, le Yémen et le Zimbabwe - sont particulièrement préoccupants en raison de l'ampleur, de la gravité et de l'évolution des crises alimentaires existantes.

Le rapport sur les points chauds de la faim préconise fortement l'adoption d'une approche anticipative pour éviter une nouvelle détérioration des situations signalées. Pour chaque point chaud, le rapport fournit des recommandations spécifiques au contexte sur les priorités des interventions d'urgence pour répondre aux besoins existants, ainsi qu'une action anticipatoire pour assurer des interventions de protection à court terme en amont des chocs prévisibles avant que de nouveaux besoins ne se matérialisent. Ces actions sont fortement recommandées pour sauver des vies, protéger les moyens de subsistance des populations les plus vulnérables et éviter de nouvelles souffrances humaines.

Il est clair qu'étant donné les tendances actuelles de la faim, les capacités de financement et de programmation de l'aide humanitaire ne sont pas suffisantes pour répondre à ces besoins qui augmentent de façon exponentielle. Il faut investir dans une surveillance des risques plus efficace et plus dynamique, une meilleure préparation, une programmation et un financement flexibles et adaptatifs - des mécanismes qui peuvent nous permettre d'endiguer l'augmentation des besoins. Dans cette perspective, les points chauds de la faim constituent une déclaration importante sur les situations de faim aiguë les plus préoccupantes au niveau mondial et leur évolution probable, ainsi que sur l'importance d'anticiper les chocs prévus.

La prochaine édition sera publiée en juillet 2021.

 

Rédigé par Dunja Dujanovic, chef de l'équipe d'alerte précoce et d'actions précoces, FAO.

Lire le rapport FAO-PAM sur les points chauds de la faim ici :

Points chauds de la faim : Alertes précoces FAO-PAM sur l'insécurité alimentaire aiguë - perspectives de mars à juillet 2021

Voir le rapport