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Vers un modèle d'action anticipatoire appartenant au Pacifique
L'action anticipatoire fait l'objet d'une attention croissante en tant que mécanisme efficace pour atténuer les impacts des crises sur les populations avant qu'elles ne se produisent. Dans la région du Pacifique, un dialogue est en cours sur la manière dont ces systèmes peuvent être mis en œuvre. Il s'agit de l'une des régions les plus exposées aux catastrophes dans le monde, mais les systèmes d'action anticipatoire n'ont pas encore été mis en place au niveau national ou régional.
Le Groupe consultatif humanitaire, l'Association des organisations non gouvernementales des îles du Pacifique et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ont récemment entrepris des recherches sur les voies à suivre et les meilleures pratiques pour mettre en place des mécanismes d'action anticipatoire dans le Pacifique. Ces recherches plaident en faveur de mécanismes qui soutiennent l'architecture de résilience existante de la région, et qui sont pris en charge et facilités par les gouvernements du Pacifique selon des modalités qui respectent au mieux les valeurs et les priorités de la région et de ses communautés.
Le récent rapport " On the Front Foot : Envisioning a Model for Anticipatory Action in the Pacific explore les points d'entrée de l'action anticipatoire dans la région et identifie les obstacles potentiels auxquels sont confrontés les praticiens chargés de sa mise en œuvre.
Points d'entrée
Bien que les systèmes d'action anticipatoire n'aient pas encore été établis dans la région du Pacifique, des éléments existent au niveau communautaire. Ceux-ci sont souvent démontrés dans des processus où les connaissances traditionnelles sont utilisées dans les systèmes d'alerte précoce.
En outre, le Pacifique abrite une architecture de résilience étendue qui pourrait constituer une base solide sur laquelle les processus d'action anticipatoire pourraient s'appuyer. Les cadres régionaux, tels que la stratégie 2050 pour un continent bleu du Pacifique et le cadre pour un développement résilient dans le Pacifique, pourraient contribuer à orienter la coordination en fonction des priorités de la région en matière de résilience, tandis que le Partenariat pour la résilience du Pacifique pourrait constituer une plateforme efficace pour la coordination entre les différentes parties prenantes.
La région du Pacifique abrite également un réseau d'acteurs régionaux solides, tels que le Conseil des organisations régionales des agences du Pacifique, ainsi qu'un vaste réseau de la société civile ; ceux-ci pourraient contribuer à la mise en place, à partir de la base, de mécanismes d'action anticipatoire dirigés au niveau local. Les parties prenantes de la région ont insisté pour que les mécanismes d'action anticipatoire s'appuient sur cette architecture existante et évitent de créer de nouveaux systèmes et processus.
Toute introduction d'un soutien financier par le biais d'une action anticipatoire devrait compléter le travail réalisé par les pays jusqu'à présent et [devrait] être pilotée par les pays eux-mêmes. Elle ne doit pas créer de systèmes parallèles.
Défis
Malgré ces points d'entrée, la mise en œuvre de l'action anticipatoire dans le Pacifique est confrontée à un certain nombre de défis majeurs que les praticiens doivent relever. Par exemple, la terminologie mondiale associée à l'action anticipatoire, aux systèmes d'alerte précoce et à d'autres pratiques fondées sur la résilience a peu de chances d'être familière aux communautés du Pacifique ; ce point a été soulevé lors de l'atelier de la Semaine du Pacifique de l'action anticipatoire à Nadi, Fidji, en mars 2023.
L'action anticipatoire repose sur la disponibilité et le partage des données, ce qui pose depuis longtemps un problème dans la région en raison de la coordination gouvernementale limitée. En outre, les capacités des services nationaux nécessaires à l'action anticipatoire sont limitées et risquent d'être mises à rude épreuve lorsqu'il s'agira de faciliter des systèmes d'action anticipatoire à grande échelle. Il s'agit notamment des systèmes bancaires, des systèmes de protection sociale et des agences météorologiques.
La géographie de la région pose d'autres problèmes : en raison de la dispersion des petites îles, il est difficile de prévoir si un cyclone tropical touchera les îles peuplées, tandis que de nombreuses communautés vivent dans des endroits isolés et des îles extérieures difficiles d'accès, où il est difficile d'apporter une aide en temps voulu. À cela s'ajoute le manque de connaissances numériques, de systèmes de protection sociale et d'infrastructures bancaires dans de nombreuses communautés isolées.
Il est important que les praticiens examinent comment les systèmes d'action anticipatoire peuvent soutenir et renforcer ces systèmes, plutôt que de solliciter davantage leurs capacités et de provoquer des résultats défavorables. L'action anticipatoire devrait également renforcer la résilience au sein des communautés, par exemple en se concentrant sur les approches en espèces et autres qu'en espèces, ainsi qu'en donnant aux communautés les moyens de diriger et de prendre des décisions sur leurs besoins dans le cadre des processus d'action anticipatoire.
La voie à suivre
La voie à suivre pour la mise en œuvre de l'action anticipatoire dans la région du Pacifique - élaborée en partenariat avec les parties prenantes régionales - devrait commencer là où les éléments de l'action anticipatoire sont déjà en jeu : au niveau de la communauté. Il est possible de s'appuyer sur les éléments existants qui sous-tendent les processus de résilience au niveau communautaire, en explorant la manière dont ils peuvent être étendus et liés aux systèmes nationaux de financement des risques de catastrophes, de manière à préserver et à valoriser les connaissances et les pratiques traditionnelles. Les processus peuvent être facilités par les réseaux de la société civile de la région ; par exemple, la Facilité d'aide à l'engagement local Pasifika peut mobiliser les acteurs locaux pour qu'ils apportent un soutien opportun aux communautés à risque et isolées.
Si les acteurs locaux sont les premiers à réagir à une catastrophe, ils devraient être les premiers à anticiper.
Les donateurs et les organismes régionaux peuvent aider les gouvernements du Pacifique à renforcer les capacités locales et nationales, telles que les systèmes de protection sociale, les systèmes bancaires, les évaluations de la vulnérabilité et le partage des données, grâce à une meilleure coordination ministérielle. Cela peut à son tour soutenir le processus de mise en place de mécanismes d'action anticipatoire au niveau national.
Ensuite, il est possible d'établir des principes directeurs, des normes et des critères au niveau régional, qui peuvent s'aligner sur les priorités régionales du Cadre pour un développement résilient dans le Pacifique. Ces principes peuvent être soutenus par un groupe de travail technique pour la région, facilité par le Partenariat pour la résilience dans le Pacifique, qui rassemble la société civile et les dirigeants communautaires avec les gouvernements pour informer les processus de prise de décision. Enfin, le message clé de l'étude est la nécessité d'éviter les approches dictées par l'extérieur.
Il s'agit plutôt d'examiner d'abord ce qui fonctionne au niveau de la communauté, puis de mettre en place l'architecture nationale plus vaste par la suite. Nous devons soutenir cette cohérence au niveau local, plutôt que de l'imposer de l'extérieur.
Si les exemples de preuves mondiales sur l'action anticipatoire peuvent informer le développement de mécanismes dans la région, il est impératif que l'action anticipatoire soit mise en œuvre et facilitée par les acteurs du Pacifique. Ce faisant, on peut s'assurer que l'action anticipatoire s'aligne sur l'architecture existante dans la région et la renforce, et qu'elle soutient les priorités des communautés, des gouvernements du Pacifique et des agences du Conseil des organisations régionales du Pacifique.
Ce blog a été rédigé par Sam Quinn et Anna Saxby.
Le rapport, On the Front Foot : Envisioning a Model for Anticipatory Action in the Pacific, fait partie du volet Real Time Analysis and Influence du Humanitarian Advisory Group, dans le cadre du programme de recherche Humanitarian Horizons 2021-24 financé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce du gouvernement australien.
Vous pouvez télécharger le rapport complet ici.
Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement australien.
Photo : Vue aérienne d'arbres verts et d'une étendue d'eau pendant la journée, par drone à Vanuatu. Seiji Seiji / Unsplash